wish me luck. (john et aron)

@John Fairburn & @Aron Winters

(outfit) (hair) (music) Les fleurs fraîchement distillées parfumaient l’huile de massage qui était maintenue tiède dans un savant bain-marie duquel les responsables de l’hôtel avaient fait équiper chaque cabine. L’odeur puissante et tropicale embaumait la pièce exiguë ; elle accompagnait le professionnel qui défaisait les draps en tissu de la table de massage, ouvrait un placard ornementé de jolis motifs en bois, et les jetait dans un panier qui s’y cachait des yeux des clients. Le produit désinfectant et nettoyant jurait atrocement avec les vertus aphrodisiaques et relaxantes de l'huile essentielle d'Ylang Ylang, mais la porte ouverte contribua à chasser la disconvenance. John contracta son ventre pour éviter de s'allonger sur la table et termina prestement de sécher le produit nettoyant. Une vibration causée par le bracelet électronique que les employés du spa devaient porter remonta le long de son bras ; un changement venait d'être établi sur son planning du jour. Il déplia un drap immaculé et immanquablement imbibé d'un parfum sophistiqué, puis il en équipa sur la surface nettoyée quelques secondes auparavant. Les gestes étaient sobres, précis, et respiraient une routine parfaitement maîtrisée. La technique était sensiblement la même que celle qu'il avait été dans l'obligation d'apprendre de l'autre côté du pays. L'hôtel lui avait fait passer plusieurs entretiens d'embauche par téléphone, mais son habileté avait naturellement été mise à l'épreuve une dernière fois avant le début de sa période d'essai. Le bracelet vibra une nouvelle fois, l'informant d'une énième modification ; celles-ci n'étaient pas étrangères aux employés du spa, les résidents de l'hôtel étant accoutumés des opinions changeantes, sans considération pour le coût, mais elles n'intervenaient ordinairement pas si proches l'une de l'autre. John porta son poignet à vue d'œil et plissa des yeux afin de mieux lire l'information qui défilait sur le petit écran. Son rendez-vous suivant était prévu dans cinq minutes.

L'uniforme n'était pas si différent des blouses en tissu que l'hôpital faisait porter aux masseurs-kinésithérapeutes de l'autre côté de l'Atlantique. Il était certainement plus élégant, avec son col qui formait un losange impeccablement découpé sur le haut de son torse. La blouse ajustée descendait juste en dessous des hanches et tombait parfaitement sur un pantalon en coton blanc, lui aussi cintré sans pour autant coller exactement aux formes olympiques dessinées par la pratique régulière de la course à pied. L'uniforme de sa collègue était sensiblement le même, avait-il remarqué lors de son premier jouer. Il la contourna pour ne pas la déranger et lui ouvrit la porte de la buanderie pour qu'elle puisse entrer sans avoir à jongler avec le panier de draps salis. La jeune femme lui décocha un sourire dont raffolait un client répugnant, qu'ils prenaient un plaisir fou à critiquer chaque fois que l'homme riche avait regagné sa chambre d'hôtel.

Ses narines s'habituèrent au parfum du lobby du spa, qu'il devait traverser pour aller cueillir son client. La fleur d'oranger terminait de s'insinuer dans son système nerveux quand John leva enfin les yeux pour les poser sur celui qui devait certainement être Monsieur Winters.

« Monsieur Winters, bonjour. Si vous voulez bien me suivre. »

Il l'invita d'un bras chalheuresement levé et d'un sourire éclatant ; il n'avait pas eu le temps de tailler sa moustache dans son petit appartement, et celle-ci lui chatouilla les lèvres. John guida le grand brun jusqu'à sa cabine de traitement et le laissa pénétrer à l'intérieur avant de lui embrayer le pas. Il ferma consciencieusement la porte derrière lui et lui présenta son espace de travail.

« Je m'appelle John, et je vous souhaite la bienvenue à l'espace bien-être de notre hôtel. Je vois que vous avez réservé un soin massage pour... » Il baissa les yeux sur l'écran allumé de la petite tablette disposée un peu plus loin, près du lavabo où il se lavait les mains. « Pour le dos, c'est bien cela ? »

Il sourit et déposa l'objet qui refroidissait ses longs doigts.

« Je vous invite à vous déshabiller. Vous trouverez des crochets derrière vous et une console sur laquelle poser vos effets personnels. Je vous attends à l'extérieur. N'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin d'aide. »

La phrase s'étrangla dans sa gorge pourtant bien huilée.

« Si vous avez la moindre question, je veux dire. »

Content de pouvoir soustraire le rouge qui lui montait aux joues, le trentenaire sortit dans le couloir pour donner au garçon un peu d'intimité.  

@John Fairburn & @Aron Winters

(outfit) (hair) (music) La dignité aux abois, John sortit de la petite cabine où il massait les clients du Ritz-Carlton et croisa les bras sur son torse épaissi par le sport ; deux doigts moqueurs vinrent serrer l’arrête de son nez et la masser pour s’échauffer, peut-être, mais surtout pour dissiper le sentiment de gêne qui risquait d’entraver considérablement ses mouvements les plus professionnels. Il prit une grande inspiration et patienta quelques instants dans le silence attentif, saluant chaleureusement une cliente régulière du somptueux hôtel, qui suivait son collègue jusqu'à sa cabine. La voix éraillée d'un homme se fit entendre de l'autre côté du panneau en bois, et John prit le parti d'y entendre de l'embarras. Malgré ses dires, monsieur Winters, se rappela-t-il, avait saisi le sous-entendu qui put aisément s'être caché derrière son invitation. Pour ne pas le faire attendre, le masseur entendit entrouvrir la porte pour s'assurer qu'il avait bien entendu, mais il aperçut le bras du client se retirer de la poignée pour se couvrir la poitrine, et il estima qu'il était autorisé à entrer. Il referma prestement la porte derrière lui et avança de quelques pas dans la lumière relaxante. John comprit les résistances qui retenaient son rendez-vous. Il s'approcha du lavabo pour se laver les mains devant lui, une habitude qu'il était très tôt indispensable de prendre si l'on souhaitait éviter les remarques désobligeantes sur l'hygiène dans un établissement comme celui-ci. Le filet d'eau coulait sur ses mains savonneuses lorsqu'il pencha la tête sur le côté pour regarder l'homme derrière lui.

« Je vous invite à vous installer sur le ventre directement. Ne vous inquiétez pas, je placerai une serviette autour de votre taille pour éviter à votre pantalon d'être sali par l'huile que nous utilisons dans l'institut. »

Il annonça sa pratique comme un horloger à l'heure, et se sécha les mains sur une serviette à côté de la vasque. John attendit qu'Aaron Winters soit monté sur la table de massage pour sortir un autre drap de bain, déclencher la musique d'ambiance et s'approcher de lui. Il déplia le tissu et le plaça d'abord avec douceur à cheval sur son pantalon et sur le creux de ses reins avant de plier la serviette et, à l'aide de ses interminables doigts, de la faire passer sous l'élastique de ses sous-vêtements ; ainsi pliée, elle absorberait tout surplus d'huile de massage et protégerait les habits du client. Il se pencha en prenant garde de ne pas s'appuyer sur la table ni sur l'homme qu'il recevait pour un soin, et attrapa le récipient où l'huile parfumée attendait patiemment. La tiédeur évita certainement à Aaron Winters de sursauter déraisonnablement, mais la différence de température dut toutefois le surprendre alors qu'il faisait tomber quelques gouttes sur son dos. John appliqua le reste directement sur ses mains et entreprit de les chauffer en les frottant l'une contre l'autre.

« C'est votre première fois avec nous ? »

Il reconnaissait les signes, mais il concevait également qu'il lui faudrait aider l'homme à se détendre s'il voulait profiter pleinement des bienfaits du massage.

« Je peux commencer ? Dites-moi si c'est trop chaud. »

John posa les paumes huilées de ses mains à plat sur ses omoplates et attendit quelques secondes qu'il s'habitue à leur présence avant de se mettre à bouger.